vendredi 4 février 2011

L OISEAU DE JADE

Comme ce pays, cet univers est triste, blême et sans attrait ! S’écrie l’oiseau de Jade en se posant doucement sur le sol…
D’un coup d’aile contre la poussière terne de notre terre, l’oiseau roi transforme le monde gris- noir en un monde bleuté, verdâtre, pur et étincelant…

Des maisons, des logis pauvres et riches, une multitude de gens en haillons sort en criant (Pauvres et riches ? Qu’est ce que ça veut dire ? Ils étaient tous misérables, misérablement bas, vicieux, sans qualité, leurs haillons représentaient l’intérieur de leur âme, noire, soudoyée !)

-L’oiseau de Jade ! L’oiseau roi ! Le sauveur est venu ! »
Les haillons sont tombés…Il n’y a plus que le jade, partout, dans les yeux, les cheveux, sous les ongles et dans les cœurs, tout respire le jade. C’est la joie, l’allégresse.

…Mais un prince déchu, un jaloux, un pervers, décide un jour de se débarrasser du gêneur merveilleux et de prendre sa place.
…Furtivement, il se glisse jusqu’au nid de jade…Il poignarde l’oiseau en plein cœur. Et l’oiseau disparaît, et les haillons repoussent sur le dos des méchants et le prince pervers reprend son univers…

L ARCHANGE

Tes yeux pleins d’amour
Dans mes yeux pleins de haine
Vaincront-ils ?
Ta bouche
Si douce
Tes mains de satin
Mon amour
Mon amour
Ma lumière
Mon auréole de beauté,
De pureté

Ouvre les yeux, que je noie mon âme
Ouvre moi les bras que je m’y perde encore

Tes yeux magiques et envoûtants
Ensorcèleront-ils mes regards de blasphème ?

Arrache-moi au pacte du sang
Arrache-moi d’un coup d’aile
Brise les bougies de vent
Ecarte-les, elles s’amoncèlent


Fais moi tienne
Que je t’appartienne
Que je revienne au monde des vivants
Enlève-moi aux ténèbres
Ange des dragons
Ange de Salomon !

L AME EN SANG

Le rubis éclate au fond du lac ambré de mes sombres années
Pierre de feu rutilante qui reflète mon âme en sang,
Au fond de ma tête déchirée
Echevelée de mille lambeaux putrides…

Pensée, souvenir, regret, étincelle du néant,
Plus de force, d’énergie, de volonté, suicide
D’un être devenu pourtant géant…

Le long des lourdes paupières mi-closes d’une éternité,
Murmurée, gémie, que l’on perd comme on perd un amant
Il faut la Vérité, détruire le masque,
Défoncer les murs de béton
Faire éclater les sons,
Pour qu’enfin règne le silence,
Plein, rond, heureux épanoui.

Le rubis de mon âme s’écoule doucement,
Rouge sombre, brûlant,
Pour étouffer la crise qui monte,
S’érige comme un mont de souffrance,
Et s’éteint, comme s’éteint la vie,
A pas feutrés, par surprise,
Sans bruit, méchamment,
Pour mourir dans un long hurlement.
Marion LUBREAC

JAMAIS VRAI

Jamais je ne me donnerai
Jamais, jamais,
Jamais je ne pourrai t’aimer
Jamais, jamais
Tu n’auras rien de mon moi intérieur
Tu n’obtiendras de moi qu’une grande douceur
Mais ne crois pas connaître la féline
Tu ne pourras aimer que la câline
Derrière mes yeux de jade
Se cachent des prunelles cruelles
Un jour, je vais te déchirer
Te mettre en mille pièces éclatées
Tu ne pourras rien, contre moi
Rien, contre moi
Jamais, jamais…
Le crois-tu, que je t’aime ?
Je n’aime que le Feu, le Vent, la Terre et la Lumière
L’eau de mon sang me fait vibrer
Contre toi, en animosité féroce
Mon amour sans lumière
Que jamais non, jamais
Je ne pourrai aimer.

FLEUR D AMERTUME

Image improbable de ton dédain,
Posée comme une fleur cruelle,
Une fleur de peau blême
Sur la terre déboisée, arrachée…
La tête enfouie sous les feuilles vermeilles
Mes pensées s’envolent, translucides, irréelles
Dans les cieux déchirés étouffés de nuages…

Son incertain de ta voix qui s’élève,
Forte mais lointaine, mal posée, dénudée,
Vision flottante, éclat d’un bruit blanc, rond,
Et l’être de volutes bleues s’évanouit, s’étrangle
Il porte ses mains noueuses à son col qui se serre
Ses yeux exorbités supplient
Qu’on l’aide ! Qu’on le déchire !
Qu’on l’arrache à la torture !

Image d’irréalité visionnaire,
Volute criarde, mariage de couleurs sonores
Ténuité qui vibre, se tord et se soulève
Tu te meurs dans la turpitude
Tu te repais de gloire
De dédain
D’amertume…

FLASH.

Ne plus penser…
Ne plus souffrir…
S’étendre dans la douceur
Hors de son corps
Hors de sa tête
MOURIR.

S’envoler loin…
Ne plus haïr…
Ne plus aimer
Ne plus regretter
Et se moquer
MOURIR.

Sentir ton corps
Se détacher du mien
Prendre mon envol
Vers d’autres infinis
Pleins
Ronds
Comme un ventre de femme fécond
Mourir dans un éclat de rire
Comme on fait la grimace.

Ce serait ça, la vie,
Vivre vraiment,
Vivre pleinement,
Comme on croque
Dans un fruit mûr…

…Pas dans le fruit
De l’arbre pourriture !

Marion LUBREAC

ENSEMBLE

Je défierai Hécate, la lune sanguinaire
Je jetterai au loin mon poignard acéré
J’arracherai le noir de mes habits usés
Nous partirons ensemble les yeux vers la Lumière…

Et Cybèle hurlera et reniera mon nom
Contre tout sacrifice. Pour oublier l’orgie,
Pour que le sang se caille et s’évapore aussi,
Nous partirons là-bas vers d’autres horizons.

La lune qui blasphème nous tendra mille pièges.
Alors tu puiseras en mon corps diabolique
Le diamant d’Infini, les sources énergétiques.
Le soleil flamboyant criera au sacrilège.

(Je m’abreuve à ta source
Et ma source c’est toi :
Consécration totale de mon âme
Vers ton âme)

Et tu jaillis de moi
Pour renaître et grandir
Ensemble nous marchons dans la même lumière…

DOULEUR DANS LA VANITÉ

La douleur dans la vanité
Ne te pèse-t-elle pas ?
Ne t’arrache-t-elle pas ?
La douleur dans ta vanité
Te permet-elle de vivre
Peux-tu même respirer ?

Cruelle obsession de la fatuité
Tu ne te remets jamais en question
Comment peux-tu respirer un air aussi putride
Comment peux-tu vivre ainsi ?

Repends-toi, respire l’air du doute,
La seule vraie certitude, loin de toute habitude
Arrache de ta peau cornée
La douleur de la vanité
Qui te pèse,
La vanité elle-même
Ote lui donc la tête,
Homme retors, homme pervers
Rase-lui le chapeau
Et marche vers le haut !

ABANDON DE SOI

A toi qui fait ma force
Qui me donnes le courage de me battre
Toi qui es lumière et douceur,
A toi,
Mon tendre désespoir
Je fermerai les yeux
Sur les basses choses du monde…

Vie de charbon
Ou vie des ténèbres
Contre la lumière et la force des chants célestes,
Qui, vaincra de nous deux, la vaste horizontale,
Et les lourds frottements des vagues infernales ?

Mais je te garderai, longtemps, serré en moi,
Accroché à ma bouche, à mes cheveux d’argent
Tes pupilles, collées aux miennes
Et nous scellerons le pacte
De nos âmes,
Lourdes d’attente…

Tu ne t’en iras pas,
Toi, qui es ma force
Et ma lumière
En moi tu resteras
Mon âme,
Mon univers

Et tu m’enlaceras…

Marion LUBREAC

A LA LUNE.

A la lune,
Lourde lune,
Longue luminosité,
Lumière lente
Qui s’élance,
Langue étincelante,

J’arracherai les yeux d’or,
Je couperai la nuque d’étain,
Je blasphémerai encore
A la lune, la lune d’étincelles.

Alors s’étouffera la sphère,
Boule de feu,
Astre de sang,
Puis se noiera dans l’univers…